Friday, November 06, 2015

Suite d'une discussion entre le cœur et le cerveau : le vide



Suite aux différentes discussions entre les deux énergumènes, celui du dessus (le cerveau donc), en bon despote, a rué dans les brancards récemment quand celui du dessous (le cœur) a engagé la conversation qui suit : 


- Je ne sais pas toi, mais, moi, je ressens un vide. Comme un trou d’air. 

- C’est normal, je viens de donner l’ordre à la bouche de s’ouvrir pour souffler… C’est automatique dès que ton nom apparaît sur mon écran interne. 

- T’es gonflé, j’appelle jamais ! 

- Mais que tu es drôle ! Gonflé, soufflé… Mon petit cœur ! 

- Ne te fous pas de moi ! Je souffre. Je ressens du vide. 

- Tu veux dire quoi, par vide ? 

- Oui, bien sûr, Monsieur est trop occupé pour ressentir le vide. J’ai juste eu l’impression que quelque chose manquait à l’instant. T’as coupé une vanne d’arrivée vers moi ? 

- Pas du tout. Mais je ne comprends rien à tes propos. Tu as senti un vide… Un vide de quoi ? Quel manque ? 

- Comme si quelque chose devait se trouver dans mes recoins et qu’en cherchant, je ne le trouve plus. Ça me manque, d’où le vide… 

- Définition du vide : Qui ne contient rien, où il n’y a personne, insignifiant… 

- Sentiment de manque envers une personne ou un lieu ! 

- Oui, si tu veux… 

- C’est le mot sentiment que tu ne comprends pas ? 

- Ne recommences pas avec tes théories pourries sur les sentiments, l’amour, le vrai, l’infini, et toutes ces conneries que tu rabâches tous les jours à tout le monde. Certains organes sont à la limite du suicide collectif avec tes idioties ! 

- Ah, ouais ! Qui ça ? 

- L’intestin par exemple. Il se tord, s’angoisse, se contracte et résultat, il envoie des signaux douloureux à mes réseaux qui font de la surtension. Personnellement, je ne comprends pas cette propension à vouloir tout ressentir. 

- Rien ne te manque jamais ? 

- Si, le temps de tout faire, de tout traiter. 

- Je te parle de sentiments, de discussion, d’échange, d’humanité, pas de connexion ou d’intelligence artificielle ! 

- Mon cœur, va falloir que tu prennes sur toi. Ton vide, c’est parce que tu ne fais rien d’autre qu’alimenter, de façon primordiale soit, la machine. Tu n’as pas d’autre activité ; Si, peut-être justement de ressentir des manques, des vides, des absences, et autres lubies qu’il te plaît d’avoir au moins une fois par semaine pour faire souffler tout le monde ici. 

- Souffrir ! 

- Non, non, souffler. Tout le monde râle discrètement dès que tu souhaites prendre la parole sauf, peut-être cet abruti de foie qui en profite pour piquer sa crise mensuelle ! 

- Il a compris mon vide… Je vais essayer de t’expliquer. Le fait de taire ses sentiments ne les fait pas disparaître et quelque fois, par habitude, par pudeur, par contraintes annexes, on ne dit mot, on s’habitude à quelque chose ou quelqu’un et soudain il n’y a plus rien. Pendant quelques temps, tout va bien, on s’agite, on avance, on bat à l’unisson avec d’autres sujets, mais soudain, au détour d’un rouage, surgit une réminiscence du disparu et cela nous manque. On pense que cela passe, et souvent c’est le cas, mais si le vide arrive, cela crée un déséquilibre car on réalise qu’on a oublié de dire ou faire quelque chose qui était vital pour nous. 

- Comme quand je compte jusqu’à cinq pour envoyer la réponse aux cordes vocales et faire bégayer la personne ? 

- Non ! Comme quand tu n’arrives plus à penser à autre chose. 

- Tu veux bien rester dans ton domaine de compétences. La pensée c’est mon rayon et ma clarté ne peut pas s’encombrer de tes chimères. Et puis, quelles contraintes annexes ? 

- Tu penses parce que je t’alimente ! Alors, ne m’énerve pas ! 

- Respire, respire, tu affoles les poumons ! 

- Pour les contraintes annexes, c’est ta faute. Tu crées des blocages à tous les niveaux du jeu : culpabilité, peur d’être rejeté, trauma ancien, peurs enfantines. Tu fais le beau mais tu conserves des milliers de données qui affadissent l’ensemble ! Perso, ça me gonfle ses barrières ! Moi, je vis à l’instinct, dans l’instant, à l’unisson avec les autres organes, les sens, on s’entend plutôt bien, sauf quand tu fais ton dictateur et que tu balances tes préceptes odieux et que tu verrouilles tout ! 

- J’agis pour ton bien ! Avec ta propension à ressentir et à faire agir les autres organes avec sensibilité, on n’aurait jamais atteint cet âge canonique ! On serait morts, tous ! 

- Je suis le seul qui peut décider de faire mourir la machine. Toi, tu peux cramer, si je veux, je peux rester des dizaines d’années sans toi ! 

- Tu vas te faire chier, mon pauvre ! 

- Oui, mais j’aurais la paix et la liberté de soupirer pour ce que je veux ! 

- Mais tu ne pourras plus jamais dire quoique ce soit ! A personne ! 

- Mouais, t’as raison ! On est cons, non ? 

- Toi, oui. Bon, ce vide ? Il est toujours là ? 

- Oui, toujours. On fait quoi ? 

- Remontes l’information, je vais voir si l’aire de Broca (qui ne fout rien dernièrement) peut envisager de se rapprocher de l’aire visuelle associative (qui traite des évènements indésirables et irrationnels, parce que honnêtement, celui-là, il me gave sérieux !) pour te remettre en relation avec le quelque chose ; Après, tu vois, si tu ressens encore un truc, tu me le signales direct, je dépêcherai un neurone ou deux pour cause de « vide » et tu pourras, peut-être, régler ton problème sans trop de dommage. 

- Oh, merci, t’es un chou ! 

- Ouais, peut-être mais là, la rate est en train de lâcher sous la pression et le sillon central fait une crise de foi. 

- T’es con ! 

- Merci. 




2 comments:

  1. J'adore trop trop trop!! j'avais zappé ça, tu te rends compte!!! Encore un peu et je passais à côté c'est parce que je suis venue sur ta page que j'ai vu ce chef d'oeuvre!! Bravo!!<3

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    Replies
    1. Oh! Merci beaucoup... J'apprécie vraiment le compliment... ;) Je projette des petites suites à ces discussions ;)

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