CB (la petite curieuse) m’a
envoyé un mail pour me poser la question suivante :
« Mais quelle éducation tu as reçue ? Un petit billet ? ».
Cela ne partait pas d’une
mauvaise perception sur mon éducation mais plutôt un style de sifflement d’admiration…
(Hommage ici à Lauren Bacall).
Sans dévoiler les secrets
familiaux, il faut dire que j’ai été élevée dans, ce que ce j’appelle, une
famille « Bohème stricte ».
D’un côté, on ne plaisantait pas
(et toujours pas, d’ailleurs) avec les valeurs de travail, de politesse, d’intimité,
de gentillesse, et des bonnes manières (avec ce qu’il faut de raideur dans la
nuque !) ;
On dit bonjour à la Dame, on
remercie le Monsieur, on ne parle pas la bouche pleine, on lève ses coudes de
la table, on n’interrompt pas les « grands », on se tient droit, on
ne mâche pas de chewing-gum la bouche ouverte, on ne jure pas (en public), on
ne fait pas sa curieuse, on est honnête, droit, franc, etc.
Je pourrais dresser une liste
longue pour un jour sans fin…
Bref, les bases normales de
toute éducation, je suppose… Ajouter à cela quelques concepts bien chrétiens,
une rigueur bien rigide et un niveau de culture largement élevé, et vous aurez
le degré zéro de mon éducation.
Ça c’est pour le côté « strict »…
Le côté « Bohème » c’est pour la partie
réservée à l’intime, au cercle le plus restreint, entre les quatre murs d’une
maison, aux initiés, aux fidèles et/ou aux kamikazes !
Car, pour cette partie, cela
serait plutôt : on chante (faux), on danse avec un balai autour de la
table, on joue aux cartes des nuits entières, on fait tourner les tables, on s’engueule
pour un rien, on partage l’appartement en deux pendant les compétitions
sportives, on s’impatiente en râlant, on se rebelle (gentiment), on rit à la
moindre occasion, on se déguise, on s’amuse !
Alors, j’ai oscillé toute ma vie
entre les deux extrémités : le strict et la bohème.
Ce côté farfelu raide, ce petit « fricotis dans l’œil » comme disait
un vieux cousin qui signifiait : « malgré nos airs réservés et disciplinés, on sent bien le diable qui
perce ! » ;
Cette éducation m’a valu d'avoir une liberté certaine avec un large éventail d’autorisations pour
tester, voir, aimer, jouer, etc…..dans la mesure des règles établies et « non négociables ».
Je pouvais m’amuser, partir
pique-niquer avec mes copains toute une journée, sous réserve d’être là à l’heure
familiale indiquée pour dîner.
Je pouvais partir rejoindre un
amoureux à l’autre bout de l’Europe, sous réserve de ne pas enfreindre la loi,
ni revenir mariée ou enceinte !
Je pouvais lire tout ce que je
voulais, sous réserve de ne pas oublier de piocher dans les « références obligatoires familiales »
de la bibliothèque.
J’ai une enfance et une
adolescence agréables, entre liberté et obligation, entre plaisir et devoir,
entre bonheur et malheur.
Souvent je dis que j’ai payé mes
bonheurs d’enfant et adolescente au prix fort. J’ai connu la « liberté »
de me prendre les revers bien sanglants de la vie en pleine face.
La seule différence, c’est que
je les ai affrontés avec une base éducative forte et l’amour de ceux qui
étaient en charge de m’éduquer.
Je dois ici remercier mes
grands-parents, mes oncles et tantes, quelques vieux cousins (et quand je dis
vieux….) et aussi mes PeterPan pour toute la liberté à laquelle j'ai eu droit, pour l'accès à la culture, à l'Histoire, aux valeurs, à la chance d'avoir un bureau extérieur pour créer, d'avoir la latitude d'être une artiste....
J’ai aimé cette éducation faite
de rigueur et de folie, où on prêchait autant l’antinomisme, que le respect
religieux du droit. Où on pouvait entendre la « politique selon Trotski, je suis communiste et je t’emmerde ! »
revisitée par le plus farouche royaliste, assis juste à côté de celui qui ne
votait plus depuis l’avènement de Pompidou au pouvoir.
Les grenouilles de bénitier côtoyaient
les fidèles du Sola Fide ; Les admirateurs de Liszt chantaient avec les
fans de Johnny qui hurlaient aux côtés de ceux de Madness qui massacraient les
chansons de Jean Sablon.
Toute la diversité de mon
éducation réside là : ne jamais m’arrêter à une idée, être curieuse,
chercher, demander, lire, apprendre et apprécier la vie….dans le respect de la
tradition familiale.. :
Bohème mais
strict !
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