Friday, July 18, 2014

Lisa sur le bûcher ? Les intermittents !


Oh, je sais que le sujet va faire polémique et que je vais, encore, me retrouver sur le bûcher (chic !).



Lors du concert de Damon Albarn aux Nuits de Fourvière, à Lyon (rapport publié ici, bientôt, après validation par mon vénéré Rédac-Chef de Lords of Rock !), les intermittents(1) en grève, portant une croix blanche, ont eu accès à la scène pour une tribute courte, mais très largement applaudie (contrairement à une autre intervention qui avait reçu quelques sifflets, m’a-t-on signalé).

Loin de moi l’idée de faire une tribune ici, car je ne suis pas une intermittente du spectacle, mais j’en connais quelques-uns mais étant une artiste, je peux donc largement comprendre leurs revendications.

Evidemment, les sempiternels « mais vous l’avez choisie cette voie pour bosser ? » ou bien le mythique « Ils se plaignent mais ont de meilleurs avantages que les chômeurs de base ! » n’ont pas leurs places ici.

Bien sûr, on peut m’arguer que choisir un métier du spectacle est aléatoire, risqué et largement peu « responsable » (sic) mais il est une chose évidente :

Tous les gens m’ayant répondu cela vont très régulièrement à un concert (rock, jazz, classique, etc.), ou à des pièces de théâtre, etc. ; Ils connaissent donc les rouages (ou je le suppose) des organisations, qui ne reposent pas toujours et uniquement sur le bénévolat (même si de nombreux festivals de musique doivent y avoir recours pour maintenir une organisation haut de gamme).
Alors, dire que ces intermittents peuvent aller bosser dans les métiers dits « normaux » au lieu d’être « librement artiste », cela me dépasse.

Les régimes d’allocations ne sont, de toutes les façons, pas avantageux pour qui que ce soit !

Bien sûr, choisir d’être dans le métier du spectacle c’est prendre un risque, mais ceux que je connais, ne restent pas dans le canapé en attendant le(s) contrat(s), ils courent le cachet.

Ils se déplacent, se battent tous les jours, et travaillent autant que faire se peut.



Ils aiment leurs métiers, ils aiment offrir des spectacles de qualité, entendre le public applaudir et ils ne comptent pas les heures non payées (répétition, montage de projet et autres démarches autonomes).

Actuellement, pour bénéficier des indemnités chômage versées par l’ASSEDIC, un intermittent doit justifier de 507 heures (environ 3 mois à raison de 8 heures par jour) au cours des 319 derniers jours (soit 10 mois ; 304 pour les techniciens ou ouvriers) ; Le régime général, quant à lui, demande 122 jours d’affiliation (soit 610 heures) au cours des 28 mois précédent la fin de contrat (36 mois pour les plus de 50 ans).
L’employeur d’un intermittent ne comptabilise pas forcément (comme dans d’autres secteurs) les heures de travail effectif. La rémunération est basée sur une journée de travail de 8 heures, même si le technicien va rester plus de 16 heures pour la préparation d’une représentation.
Un cachet en moyenne équivaut à une valeur de 12 heures de travail même s’il concerne un spectacle durant 3 heures.

Pourquoi cela bloque : l’accord conserve le dispositif tant critiqué de 2003, qui ne prend pas en compte toutes les heures travaillées et durcit sa politique notamment sur trois points :
Cumul entre le salaire et les indemnités chômage sera plafonné ;
Les cotisations sociales des intermittents seront augmentées de deux points – ce qui équivaut selon la CGT spectacle à une perte de salaire net de 0,7 % à 0,8 % ;
Le différé (le délai de carence entre la perception des derniers revenus et le versement des allocations-chômage), qui retarde l’ouverture des droits au chômage, concernera désormais près de la moitié des allocataires (contre 9 % actuellement).

Alors que vous soyez d’accord, ou non, que le spectacle que vous attendiez depuis des mois soit annulé et que vous rentriez à la maison dépité (furieux, hystérique, rayer les mentions inutiles), merci de laisser une place au dialogue avec ceux qui tiennent à leur métier, à leur choix de vie, etc.

Car, comme on dit souvent « on a toujours le choix »…

Donc, on a aussi le choix de choisir sa vie, de bosser, dans un secteur fonctionnel ou artistique, sans pour autant être le dindon de la farce et « fermer sa gueule ».



(1)     C'est un régime spécifique, créé en 1936, d'abord pour l'industrie du cinéma, qui employait un grand nombre de techniciens et de cadres pour des tournages, sans pouvoir leur garantir un emploi pérenne. Il permet une embauche en contrat à durée déterminée « d'usage », qui, contrairement au CDD ordinaire, peut être de très courte durée et se renouveler sans limite durant plusieurs années. Entre deux contrats, un intermittent est indemnisé par l'assurance-chômage.

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