Tuesday, October 09, 2012

Set List de l’été dans la smala (tenez-vous aux branches !)


Chez nous, chacun a le droit d’apporter ses CD et de les mettre sur la platine à condition de respecter quatre règles essentielles :

- Pas de son « hystérique » et d’heavy-metal avant dix heures du matin (surtout si c’est Quatre qui fait la programmation matinale !),
- Pas deux fois le même CD dans la journée (surtout si ce dernier dépasse les cinquante-cinq minutes),
- Pas plus de trois artistes français ou anglais dans la foulée (sauf dérogation exceptionnelle ou despotisme familial !),
- Une heure de repos auditif minimum (compensée par l’écoute religieuse de Liszt, Mahler, Brahms ou Lully au choix !).

Alors quand vous séjournez avec Un (accro à la variété française ; ses dieux du moment étant Bénabar, Benjamin Biolay, Camille… avec un amour démesuré pour Julien Clerc), Deux (accro au R’n B, au Rap français avec une pointe d’hystérie pour Rihanna…), Trois (qui ne jure que par Johnny –Hallyday of course, pas Cash, malheureusement pour nous ! – et par les « vieux chanteurs et la musette »), Quatre (qui rassemble à lui tout seul une programmation de radio – Rap, Métal, Hip-Hop, Rock, Electro et Dance – en mode aléatoire !) et bibi (qui n’aime que le Pop/Rock anglo-saxon – avec un net intérêt – obsession ? – pour les sujets de Sa Gracieuse Majesté !), l’accès à la platine relève de la compétition olympique.

La plupart du temps, Trois étant la première à se lever (enfin, après moi, mais je suis généralement dans mon bureau pour lire ou écrire, mon MP3 scotché à mes oreilles !), elle est alors la première à mettre un CD (toujours un truc « de vioque » dixit Quatre qui se balade, en été, avec des Boules Quiès©) et nous inflige les morceaux « d’anthologie » de la musique française.

Pas plus tard qu’hier, nous avons eu droit à Florent Pagny « chantant Brel, quand même, merdus ! ». Quatre et moi avons avalé notre petit-déjeuner sans objecter tout en partageant, le plus discrètement possible, une oreillette (même le son de Blink 182 me sembla agréable !). Deux lançait des œillades à Un qui, le nez dans son thé, ne releva pas le blues qui avait saisi les quatre-cinquième de la smala. Trois chantait évidemment en duo (et le plus faux possible) avec « le merveilleux Florent ». Quatre a avalé sa sixième tartine en moins de quatre minutes pour éviter tout commentaire. Pour ma part, je me suis limitée à une concentration totale sur Blink 182 (c’est dire mon niveau de frayeur matinale !).

Plus tard dans la matinée, Deux a pris les platines d’assaut (Trois ayant entre-temps remis le couvert avec Daniel Guichard et Hervé Villard) et nous a infligé dans l’ordre d’apparition : NTM, 113, et Orelsan. Quatre a adoubé NTM mais n’a pas suivi le « flow » de Deux (lancée dans un grand numéro de cirque, mini short et t-shirt trop serrés…. Le tout débordant allégrement !). Au dernier (auto)rappel, Deux a balancé du Rihanna en duo avec Eminem (ce qui a eu le don de me faire lever l’oreille – oui, moi, Eminem, je l’aime bien !). Un et Trois en étaient à renifler dans la pharmacie pour s’abrutir au plus vite.

Après ce déluge auditif, la pause fut salvatrice. Bon, chez nous, la pause c’est (aussi) les informations de treize heures. La plupart du temps, Un, Deux et Trois finissent par se disputer sur : la tenue du présentateur/trice, la politique étrangère, le sport et la météo. Quatre semble, à chaque repas, sur une autre planète et dodeline de la tête assez discrètement. Quant à moi, je suis trop occupée à courir entre le réfrigérateur, le cuit-vapeur, l’évier et la table pour pouvoir participer à la conversation. Encore faudrait-il que je puisse en placer une avec Un qui disserte sur tout ! Je finis le repas en imitant Quatre, c’est-à-dire en balançant de la tête tout en chantant silencieusement.

La reprise des hostilités arriva en fin d’après-midi quand Un se décida à nous honorer de sa présence au rez-de-chaussée. Il se retire dans la bibliothèque pour « méditer sur la course du monde » tous les après-midis. Je le soupçonne de s’adonner à la gnôle depuis le repas en plein air !

A ce moment-là, Un nous a assénés, avec un sourire carnassier,  du Camille pendant une heure en tapant sur tout ce qui se trouvait à sa portée de mains (casseroles, chaises, tables, Quatre ?). Ce n’est pas que je sois contre cette chanteuse, mais j’ai frôlé la crise de nerfs au troisième morceau. Quatre a bien essayé de s’éclipser mais Trois lui a, gentiment, rappelé que si nous nous « tapions cette merde », il fallait qu’il « s’y plie aussi ! ».

Après les « tapages camilliens », Quatre nous a annoncé son intention de nous « secouer un peu » et a monté le son pour diffuser « The Song, putain ! ». Je peux vous assurer que si nous n’étions pas encore réveillés (ou morts), 50 Cent nous aurait balancés dans tous les sens ! J’ai appuyé la programmation en raison des étroits liens de 50 Cent et Eminem et j’ai, cependant, vite regretté mon aval. Quatre ayant relancé la chanson en question six fois d’affilée !

A vingt heures, nous étions à la limite de l’agonie. Il pleuvait depuis dix heures du matin et je sentais un peu de moue dans les troupes. Le journal télévisé commençait  sous les hourrah de la foule (Deux, Trois et bibi) qui savourai(en)t la présence du joli damoiseau de France 2 (Julian Bugier pour ceux qui ne suivent pas…) et nous en étions à nous disputer sur le menu du soir quand, soudain, la coupure d’électricité estivale (un agriculteur arrose son champ, l’eau tombe sur la ligne électrique et hop, tout disjoncte !) déboula.

Devant la déception familiale de ne pas pouvoir se gaver devant la télévision, j’ai mis des piles dans le radio-CD et j’ai enclenché l’album qui (je le pensais) allait nous instruire, tout en nous distrayant. A peine eussé-je mis le CD que j’ai entendu un concert de doléances dans mon dos ! La plus commune fut : « On est de retour à l’église, ou quoi ? ».

Pourtant, j’avais juste mis « Dr. Dee » de Damon Albarn ! Oui, je suis d’accord, la première plage s’ouvre sur un bruit d’oiseaux et d’eau ainsi que des cloches. J’ai alors essuyé le reproche connu de tous : « Encore lui ! ».
Le retour de l’électricité (au bout « d’une minute quarante-deux  de cette agression » précisa Quatre) fut accueilli, par l’assemblée (sauf bibi, vexée !), avec un enthousiaste digne d’une médaille d’or !

Il ne nous manquait que les hymnes nationaux (familiaux).



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